Aruba

Aruba

Un bout d'histoire

L’île d’Aruba a été découverte en 1499 (après Curaçao) par l’explorateur espagnols Alonso de Ojeda, mais les Espagnols considérèrent l’île d’Aruba comme inutile; ils la désignèrent d’ailleurs comme étant une «isla inutil».

Très tôt, les colonisateurs espagnols s’en prirent aux premiers habitants de l’île, les Caiquetios, une tribu arawak d’origine vénézuélienne. Ces Arawak avaient probablement vécu sur Aruba depuis plus de 4500 ans, après avoir quitté les côtes vénézuéliennes. Les Espagnols exilèrent la plupart d’entre eux avant 1513 afin de les envoyer travaillé dans les mines de sel de l’île Hispaniola (Haïti).

Durant près de 150 ans, Aruba resta un refuge pour les pirates et les boucaniers espagnols, qui pillaient les navires transportant des richesses dérobées chez les populations amérindiennes à destination de l’Europe. Par la suite, les Espagnols poursuivirent une colonisation très limitée en transformant l’île en un immense ranch; ils y introduisirent du bétail (chevaux, ânes, moutons, chèvres, cochons, poulets, ainsi que des chiens et des chats). Au lieu de décimer complètement les Arawak, comme il était de coutume à l’époque, les Espagnols permirent à beaucoup d’Arawak de s’occuper du bétail. C’est ce qui explique que de nombreux Arubiens d’aujourd’hui ont des ancêtres indiens. Il n’y eut pratiquement jamais d’esclaves noirs à Aruba.

La colonisation hollandaise

Après quelque 80 années de guerre entre l’Espagne et la Hollande, celle-ci s’empara de l’île d’Aruba en 1636. Les Hollandais continuèrent l’élevage du bétail et Aruba devint une «réserve de viande» pour les autres possessions hollandaises dans les Antilles. Vers 1640, les colonisateurs hollandais permirent à la population indigène de vivre librement sur Aruba. Néanmoins, le dernier Arawak «pur sang» mourut en 1862, tandis que les derniers indigènes à parler leur langue indienne avaient déjà cessé de l’utiliser au début des années 1800; certains noms de lieu portent encore aujourd’hui un nom amérindien. En 1643, Peter Stuyvesant fut nommé gouverneur d’Aruba (ainsi que pour le reste des Antilles néerlandaises), un poste qu’il conserva jusqu’en 1647, mais c’est la Compagnie néerlandaises des Indes occidentales qui administra ensuite la petite île.

Au cours des siècles suivants, les Hollandais conservèrent leur mainmise sur Aruba, sauf pour une brève période de domination anglaise entre 1805 et 1816, lors des guerres napoléoniennes. Pour les Hollandais, Aruba ne fut jamais une colonie importante, et ils administrèrent l’île depuis Curaçao, le centre politique de tous les colonies des Antilles néerlandaises. Les habitants utilisèrent depuis le début leur langue arawak (jusqu’à son extinction), le papiamento, l’espagnol, le néerlandais ou l’anglais.

En 1824, un berger découvrit les premières pépites d’or sur Aruba; la ruée vers l’or commença et se poursuivit avec un certain succès jusqu’en 1913. Des milliers de Vénézuéliens immigrèrent à Aruba, ce qui contribua à implanter de façon durable la langue espagnole.

Ensuite ce fut l’or noir. En 1924, commença le raffinage du pétrole venant du Venezuela, ce qui amena une ère de grande prospérité et une nouvelle arrivée d’hispanophones, d’anglophones et de francophones. En 1929, la Lago Oil and Transport Company, une filiale de la Standard Oil du New Jersey (plus tard Exxon), construisit l’une des plus grandes raffineries du monde au sud-est de l’île; la Eagle Oil Refinery en construisit une autre sur la côte d’ouest de l’île. Dès lors, beaucoup d’ouvriers provenant des Indes occidentales britanniques vinrent travailler dans la raffinerie de San Nicolas, ce qui contribua à la propagation d’un «anglais antillais», lequel prit la place du papiamento comme langue orale véhiculaire. Parallèlement, Aruba pratiqua la culture de l’aloès qui devint l’une des deux principaux piliers économiques en raison de la production de produits cosmétiques et pharmaceutiques. En 1985, l’essor pétrolier prit fin et le plus grand employeur du pays, Exxon (Esso), quitta l’île, et la précipita dans une grave crise économique.

L’industrie touristique prit son essor et sauva le pays de la ruine. Aujourd’hui, cette industrie emploie près de la moitié de la population d’Aruba et reçoit entre 600 000 et un million de visiteurs, la plupart parlant espagnol, anglais, néerlandais, allemand, français, portugais, etc.

Le statut particulier d'Aruba

Aruba devint en 1986 une entité politique distincte au sein du Royaume des Pays-Bas, mais ne fait depuis plus partie des Antilles néerlandaises. Le Royaume des Pays-Bas comprend maintenant les Pays-Bas, les Antilles néerlandaises et Aruba. Suite à un référendum (1994), l’autonomie politique complète fut suspendue en 1996, mais Aruba bénéficie d’un «Status Aparte» (Statut Particulier). Aruba a adopté sa propre constitution (1986) fondée sur la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte sociale européenne, la Charte du royaume des Pays-Bas et la Constitution des Antilles néerlandaises. Le royaume des Pays-Bas conserve la responsabilité de la Défense et des Affaires étrangères. Le gouvernement d’Aruba, doté d’une Assemblée législative, s’occupe de toutes les affaires intérieures. Aruba a un gouverneur nommé par la reine du Royaume des Pays-Bas pour un mandat de six ans; celui-ci représente le souverain sur l’île.

La langue officielle, à Aruba comme ailleurs dans les Antilles néerlandaises, est le néerlandais, mais le papiamento est redevenu la langue véhiculaire normale des insulaires. L’anglais particulièrement et l’espagnol sont des langues très répandues dans la population locale.