Curaçao

Curaçao

Un bout d'histoire

Curaçao est la plus grandes des îles des Antilles Néerlandaises.

Les Antilles Néerlandaises sont aussi connues sous le nom des Îles ABC (qui est l’abréviation des 3 îles environnantes Aruba, Bonaire et Curaçao, font également partie: Saba, Sint-Eustasia).

Bon Bini veut dire “Bienvenu” en Papiamento (la langue locale).

Curaçao, une définition

Curaçao (150 000 habitants environ) est une île du sud des Petites Antilles, dans la mer des Caraïbes et au nord des côtes du Venezuela. Elle est une possession néerlandaise et sa capitale Willemstad est le chef-lieu des Antilles néerlandaises.

Un bout d'histoire

C’est à l’un des lieutenants de Christophe Colomb, Alonso de Ojeda, que l’on doit la «découverte» des Îles-sous-le-Vent (les îles ABC: Aruba, Bonaire et Curaçao).
Ojeda aborda en premier lieu l’île de Curaçao en 1499, puis la même année les îles d’Aruba et de Bonaire. Il trouva les îles habitées par des Arawaks, les Caiquetos, une communauté amérindienne qui avait quitté depuis plusieurs siècles les côtes vénézuéliennes pour fuir les terribles guerriers caraïbes (les Kalihna et les Wayana) et éviter ainsi les guerres incessantes. Alonso de Ojeda réclama les îles au nom de l’Espagne, mais parce qu’il n’avait pas trouvé d’or elles avaient été déclarées «îles inutiles». Les Awaraks furent massivement transportés pour travailler sur l’île d’Hispaniola et servir d’esclaves; aujourd’hui, on ne trouve plus d’Arawak sur Curaçao.

L’origine du nom de Curaçao reste problématique. Plusieurs hypothèses sont avancées. L’une d’elles voudrait que ce serait les Caiquetos qui auraient laissé leur nom, déformé en Curaçao par les Européens (?). Une seconde hypothèse laisserait croire que, ayant laissé dans l’île un certain nombre de marins atteints du scorbut, Alonso de Ojeda revint l’année suivante pour les retrouver en bonne santé, guéris apparemment par la consommation des fruits (et de la vitamine C) poussant en abondance sur l’île; il aurait nommé l’île Curaçao, d’après un vieux mot portugais (à la racine cure) signifiant «guérison». Une autre hypothèse laisse entendre que les Espagnols appelaient l’île Curazon, pour «cœur», qu’un cartographe portugais aurait compris comme étant Curacau et transcrit en Curaçao, conformément à l’orthographe portugaise. Quoi qu’il en soit, le nom de Curaçao ne parut sur les cartes portugaises qu’une vingtaine d’années après sa découverte. L’île de Curaçao (également Aruba et Bonaire) resta espagnole plus de 130 ans, soit jusqu’à l’arrivée des Hollandais.

La colonisation hollandaise

En réalité, les Portugais avaient abandonné les trois îles ABC en 1633. Les Hollandais se l’approprièrent dès 1634 et en firent l’un des pivots de leurs entreprises commerciales. C’est la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui fut chargée d’administrer l’île de Curaçao. La compagnie nomma l’explorateur hollandais Peter Stuyvesant comme gouverneur en 1642; en quelques années, celui-ci favorisa les plantations agricoles (arachides, maïs, fruits, etc.); d’autres découvrirent les possibilités qu’offrait l’île dans le séchage du sel à partir des étangs marins (les salines). Toutefois, Peter Stuyvesant traita les autochtones de façon impitoyable. Il capturait des Caiquetos pour les vendre comme esclaves dans les Antilles et suscitait des haines entre les diverses tribus pour mieux les écraser; de plus, même s’il apporta une certaine prospérité, son tempérament autoritaire et son intolérance religieuse à l’égard des communautés n’appartenant pas à l’Église réformée de Hollande lui valurent de devenir de plus en plus impopulaire.

Ayant acquis par la force, entre 1637 et 1641, des postes de traite en Afrique de l’Ouest (Ghana, Angola et São Tomé), les Hollandais organisèrent leur propre réseau de la traite négrière associant l’Afrique aux Amériques. Curaçao devint le plaque tournante hollandaise des activités esclavagistes aux Antilles. L’île était stratégiquement bien située et équipée d’un port de mer naturel; de plus, les Hollandais construisirent plusieurs grands forts pour assurer leur protection. Tous ces facteurs firent de Curaçao un endroit idéal pour pratiquer le commerce des esclaves. Au total, on estime que Curaçao reçut entre 1640 et 1863 au moins un demi-million d’esclaves noirs.

L’île de Curaçao reçut au cours des décennies un certain nombre d’immigrants blancs. Aux Noirs, s’ajoutèrent des Hollandais, mais aussi des Anglais, des Sud-Américains, des Français et des Juifs. En effet, plus de 2000 juifs séfarades (ayant fui l’Inquisition espagnole pour les Pays-Bas) arrivèrent d’Amsterdam (entre 1659 et 1732) pour s’établir à Curaçao et y fonder des entreprises commerciales; ils érigèrent en 1732 la première synagogue (Emanuel Israel Mikve) à Willemstad. La population de l’île devint très cosmopolite, d’autant plus que les esclaves ont commencé à se déplacer d’une île à l’autre des Antilles, surtout après 1700.

C’est donc au milieu du XVIIe siècle que s’élabora à Curaçao le Papiamento, le créole en usage encore aujourd’hui dans l’île et partout dans les Antilles néerlandaises, même dans les Îles-du-Vent (Saba, Saint-Martin et Saint-Eustache). Étant donné le commerce entre les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, les Français et les Anglais, le papiamento puisa dans toutes ces langues pour se former. Bien que la base principale soit le portugais, s’est greffé une grande quantité de termes espagnols, néerlandais, mais aussi anglais et français, sans oublier la syntaxe d’origine africaine.

Les conflits entre l’Europe et les territoires de l’Amérique au XVIIIe siècle firent de Curaçao un endroit de prédilection et de refuge pour les pirates, les rebelles américains, les négociants espagnols et hollandais de la région. Tout ce tumulte favorisa le brassage des populations un peu partout dans les Antilles, dont l’île de Curaçao. Les Hollandais durent se défendre pendant 80 ans pour repousser les Anglais et les Français.

D’ailleurs, en 1800, les Anglais prirent Curaçao et expulsèrent les Hollandais, mais s’en retirèrent en 1803 pour l’occuper encore en 1807, soit pendant quelques années, notamment lors des guerres napoléoniennes. En 1816, lors du traité de Paris, l’administration hollandaise fut réinstallée et la ville de Willemstad fut déclarée un port libre. L’économie de Curaçao périclita après l’abolition de l’esclavage en 1863.

Il fallut attendre en 1919-1920 pour que l’économie prospère à nouveau sur l’île, avec l’arrivée de l’or noir. Grâce à la découverte du pétrole en provenance du Venezuela, la Dutch-British Shell Oil Company décida de construire l’une des plus grandes raffineries du monde à Curaçao (et à Aruba). De nombreux immigrants vinrent travailler sur l’île; ils provenaient des Antilles néerlandaises, mais aussi des Antilles anglaises, des Antilles françaises, de l’Amérique du Sud et des États-Unis. Mentionnons particulièrement l’immigration des Saint-Martinois (hollandais et français) à Curaçao en raison du grand besoin de main-d’œuvre dans les raffineries; les historiens signalent même que la population de l’île de Saint-Martin aurait baissé de 18 % entre 1920 et 1929. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés acceptèrent d’établir une base militaire américaine à Waterfort Arches, près de Willemstad. À partir de 1942, les États-Unis assumèrent l’entière responsabilité de la défense de Curaçao et des autres îles hollandaises, et ce, pour toute la durée de la guerre. L’île de Curaçao a donc toujours été influencée par la langue anglaise. Ces mouvements de population augmentèrent encore le multiculturalisme de Curaçao.

L'autonomie politique

Après la Seconde Guerre mondiale, les insulaires de Curaçao et des autres îles néerlandaises commencèrent à exiger davantage d’autonomie de la part des Pays. En 1954, les îles néerlandaises obtinrent une autonomie administrative considérable sous le nom des Antilles néerlandaises, puis de Fédération néerlandaise d’outre-mer. Willemstad devint la capitale politique des Antilles néerlandaises. Seule l’île d’Aruba obtint un statut particulier, tandis que les autres îles (Curaçao, Bonaire, Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten) constituèrent de jure les Antilles néerlandaises, bien que, dans les faits, Aruba en fasse partie. À la fin des années 1960, Curaçao fut le théâtre de nombreuses luttes raciales et de troubles sociaux. En 1982, la raffinerie Shell ferma ses portes, ce qui augmenta considérablement le nombre des chômeurs. Depuis, la réouverture partielle de la raffinerie en 1991 (louée à une entreprise vénézuélienne, la Coastal Oil Company), le gouvernement local a tout mis en œuvre pour favoriser l’industrie du tourisme. La plupart des insulaires parlant le papiamento, le néerlandais, l’anglais et l’espagnol, le multilinguisme étant devenu un atout économique de première importance.

Après le référendum du 8 avril 2005, la population de Curaçao a choisi pour un “State Aparte” (Statut Particulier) donc une séparation des Pays-Bas et une plus grande autonomie.